Sytral et climatisation : la réécriture du réel

En réponse aux plaintes des usagers TCL empruntant la ligne A, C ou D, non climatisées, du métro, le président du Sytral a donné une longue interview expliquant qu’il n’était aucunement responsable de la situation. 
Reportant la faute sur les élus en place lors du précédent mandat, il nous a doctement expliqué qu’une rame de métro climatisée ne se trouvait pas sur Amazone et qu’il fallait patienter encore 5 à 10 ans pour disposer de métros offrant une température comparable à celle de l’intérieur des automobiles en période de canicule. 
 
Cette communication, qui a le mérite de la simplicité, présente toutefois une propension inquiétante à réécrire le réel. En effet, mettre en responsabilité les prédécesseurs est de bonne guerre en politique, mais cela ne saurait faire oublier que les Verts siégeaient au conseil du Sytral à cette époque ; et on cherche les communiqués de cette formation pour demander la climatisation du métro lors de la canicule 2019, a fortiori avant. 
 
Par ailleurs, l’argument relatif à l’absence de « rames de métro climatisées disponibles » laisse à penser que les industriels ne produiraient celles-ci qu’à la demande du Sytral ; ou que le marché en la matière serait très réduit. Une recherche rapide nous apprend que sur le réseau parisien « 50% des rames sont équipées de climatisation ou de ventilation réfrigérée, notamment sur les lignes 1, 2, 5, 9 et une partie de la 14 (source) », et que depuis 2024, 8 autres lignes sont en cours d’équipement. A Madrid et Barcelone, l’ensemble du réseau est climatisé depuis longtemps,  les 5 lignes du métro milanais le sont aussi. A Londres, la première rame de métro climatisée a été installée en 2010, à New-York en 1970… Ce qui signifie que les constructeurs ont l’habitude de produire et de renouveler ces équipements et qu’il existe donc sur le marché de nombreuses rames de métro climatisées. 
 
La Métropole de Lyon est donc en retard sur le sujet. Et il n’est pas certain que les perspectives présentées pour 2030 et 2035 soient fondées, car rien n’indique explicitement dans le contrat passé avec Egis (2022) que la climatisation soit prévue. 
 
En conséquence, plutôt que de rejeter la responsabilité sur d’autres, plutôt que de faire la leçon sur les modalités de passation des marchés publics, il était attendu du président du Sytral de la bienveillance à l’égard des usagers du métro, de la réactivité et des solutions pour répondre à la situation dans un délai raisonnable. Reconnaître avoir fait une erreur d’appréciation serait aussi une façon d’apaiser le débat politique.