Dans l’article de Lyon Mag, il est question de l’impasse démocratique dans lequel nous met ce triangle des 3 blocs. Et, bien que l’article ne relève qu’un point de l’argumentaire, le sujet « immigration » éclaire cette réalité. Aussi, je le reprends ci-après
D’un côté, on promet l’expulsion des étrangers délinquants, indésirables et la quasi fermeture des frontières. Faciles à énoncer, ces promesses, pour être éventuellement réalisées, ne dépendent pas de la volonté nationale. Sur le premier point, l’accord et l’assistance des pays d’origine est requis. C’est avant tout une question diplomatique et rien n’indique, dans le propos du RN, la mise en oeuvre d’accords en ce sens. A l’identique sur le second point.
D’un autre côté, il est volontiers question d’immigration travail, ou « choisie » car le concept donne l’impression de maîtriser le processus. Or, il est nécessaire de rappeler que 6 millions de nos concitoyens sont inscrits à Pôle Emploi (dont plus de la moitié sans indemnités), que 2 millions d’autres dont 1 million de moins de 30 ans ne le sont pas sans pour autant être à l’emploi ou en formation. Nous connaissons toujours un chômage de masse et parler d’immigration travail au lieu de remettre en question nos politiques publiques de l’emploi et de la formation professionnelle, inefficaces, est irrespectueux pour nombre de nos concitoyens.
Enfin, du dernier côté du triangle, la main volontiers sur le coeur, on parle d’accueil. Pourtant, les dispositifs d’accueil et d’intégration sont en échec, et ce depuis très longtemps. Nous accueillons chaque année 150000 demandes d’asile, que notre administration mettra le plus souvent … 4 ans à traiter. 4 années pendant lesquelles des personnes sont cantonnés à vivre en foyer, parfois sous tentes, sans apprentissage du français, sans identification de leurs aptitudes et talents. 4 ans au bout desquels 1/3 auront le statut permettant de vivre en France, sans pour autant être prêts. 4 ans au bout desquels nous auront fabriqué nous-mêmes des clandestins que nous seront incapables de renvoyer dans leurs pays.
Le débat dans ce triangle du déni est totalement stérile et ne permet d’offrir aucune solution. A l’inverse, si nous parvenons à reposer le sujet en des termes intelligent, nous pourrons concevoir une politique d’accueil et d’intégration à la hauteur de l’universalisme porté par la République, une politique étrangère constructive avec les pays dont proviennent les flux migratoires et qui intègre les chocs climatiques à venir ; et enfin associer intelligemment la question de l’emploi et de l’immigation en écartant l’idée que les immigrés sont là pour prendre les emplois mal payés et pénibles.
Le propos est certainement ambitieux, mais il est bien plus crédible que les slogans et indignations respectives auxquels nous assistons depuis des années et que la loi adoptée récemment n’a fait que raviver sans rien résoudre.