Le vote par l’Assemblée de l’annulation des ZFE occasionne jubilations et regrets. Mais peu de questionnements sur les raisons pour lesquelles nous nous en sommes là.
La loi initiale dite « Climat et résilience » (2021), issue des travaux de la Conférence Citoyenne (2019), visait notamment à limiter les émissions de particules fines – améliorer la qualité de l’air en ville – et réduire les gaz à effet de serre émis ici. Elle présentait toutes les caractéristiques des politiques publiques ayant échoué ces dernières années.
Derrière les enjeux globaux de santé publique et de lutte contre le réchauffement climatique, la loi visait des réalités quotidiennes (pollution v. qualité de l’air, mobilité v. embouteillages automobiles). Et, traditionnellement dans notre pays, indécrottablement jacobin, le personnel politique a imaginé qu’une loi instaurant une interdiction pouvait suffire à résoudre les difficultés constatées. Là se situe le premier symptôme, car l’Etat n’a plus les moyens de faire autre chose qu’interdire (il n’est d’ailleurs pas certain qu’il en ait encore les moyens), et nos concitoyens sont las et de moins en moins réceptifs à cette façon de faire de la politique.
Alors qu’elles sont les premières concernées, les collectivités locales ne se saisissent pas du sujet avec l’ambition nécessaire. Les villes ont été construites pour les voitures, le phénomène de métropolisation augmente la densité urbaine et sature l’espace disponible, et pourtant, elles ne réagissent que partiellement à la situation. Depuis plus de 10 ans, la nécessité de créer des alternatives à la voiture pour entrer en ville est patente, mais elle n’obtient pas de réponse politique. Les 600 000 véhicules qui entrent dans la Métropole de Lyon quotidiennement ont-ils le choix de faire autrement, qu’il s’agisse de particuliers ou du fret ? Force est de constater que non. Parmi eux, les quelques 80 000 véhicules visés par la loi. Manque d’imagination, manque de volonté, contingences administratives et territoriales, querelles entre collectivités, les explications sont diverses mais l’absence d’alternative efficace est la réalité à laquelle nos concitoyens sont confrontés. Second symptôme.
Enfin, troisième symptôme, le concours d’indignations auquel ce texte a donné naissance (les uns se posant en défenseurs des modestes, mais sans proposer de solutions, les autres en défenseurs du climat mais sans se préoccuper des quotidiens de chacun) a empêché tout débat intelligible et intelligent sur les sujets concernés ; fragilisant encore la démocratie et faisant le lit de ses opposants – on notera que la loi a été adoptée par une alliance objective RN (56 voix) & LFI (27 voix)-.
En conséquence, le débat préalable aux échéances de 2026 prend encore plus d’importance, car il appartiendra demain à la Métropole et aux communes d’inventer les mobilités dont nous avons besoin pour réduire la pollution et faciliter les déplacements quotidiens.